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Tourisme: "nuit extrême" dans une prison soviétique | |
source : oo! Actualités | Lundi 15 Novembre 2004 |
LIEPAJA, Lettonie (AP) - Une société lettone propose aux touristes une "évasion" d'un genre un peu particulier: des "nuits extrêmes" dans une prison de type soviétique, où le client se fait vilipender et interroger et bénéficie de conditions de vie très... réalistes. Le garde-chiourme acariâtre referme brusquement la porte de la cellule, plongée dans l'obscurité. Des lumières s'allument alors brièvement et une voix ordonne d'un ton cassant: "Face au mur! Les mains derrière le dos!" Dans la pièce, sous des photos de Lénine et de Staline, un officier du KGB arborant un air de bouledogue, fume derrière un bureau. "Que faisiez vous dans une zone militaire interdite?", aboie-t-il. Ainsi commence un séjour à la prison de Karosta, dans la ville côtière de Liepaja. Chaque week-end, une vingtaine de personnes payent 5 lats (9,20 euros) pour passer la nuit à se faire malmener et interroger dans cet établissement où le vrai et le faux sont étroitement mêlés. Les visiteurs assistent ainsi à la mise en scène de l'exécution d'un prisonnier coupable de tentative d'évasion et contemplent le site de la fosse commune où 160 vrais détenus sont enterrés. Ces hommes ont été tués durant l'occupation du pays par les Allemands, de 1941 à 44. La Lettonie est ensuite retombée sous la botte soviétique jusqu'en 1991. La prison a cessé d'être utilisée en 1997. En 2002, des habitants de Liepaja avec à leur tête une professionnelle du tourisme, Liga Engelmane, ont créé le Partenariat pour sauver Karosta, dont les initiales en letton, KGB, sont tout à fait appropriées au lieu. Les touristes peuvent s'offrir pour 2 lats (3 euros) une visite d'une heure et demie dans la journée, avec un bref enfermement dans une cellule et un tour à l'infirmerie, ou acheter le forfait pour une "nuit extrême". Cette dernière formule n'est pas conseillée aux personnes sensibles. Les geôles sont en effet humides et munies de "toilettes extrêmes" constituées de quatre trous dans le sol. Les visiteurs font de la gymnastique pour se réchauffer et dorment sur des planches infestées de puces. Ceux qui désobéissent aux ordres peuvent être placés en isolement. "Vous sortez de l'enfer", affirme une inscription au-dessus de la porte, écrite par un vrai détenu il y a longtemps. Jaunus Tammeaed, un Estonien de 39 ans, raconte que la visite lui a rappelé des souvenirs de son service dans l'armée soviétique dans les années 80. "Je ne me sens pas menacé, et donc ce n'est pas si réaliste que cela", explique-t-il. "Mais cela donne un bon aperçu à quiconque n'a pas vécu cette période." Linda Engelmane, une responsable de KGB, souligne que l'idée était de préserver un morceau d'histoire. "L'époque soviétique a été douloureuse pour nous mais nous voulons en garder une partie car il y a une génération entière en Lettonie qui n'a pas grandi dans le système soviétique", explique-t-elle en faisant allusion aux plus jeunes. Et la formule marche. Cet été, toutes les "nuits extrêmes" ont affiché complet, selon elle. | |
Avis aux amateurs de sensations "fortes" !! |
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